jeudi, le 12 janvier 2023

L’avenir de l’agriculture carbonée dans l’UE

Hinse Boonstra, Public Affairs Manager chez Bayer Crop Science

La Commission européenne a récemment publié une proposition de loi sur l’élimination du CO2. Cette proposition arrive à point nommé. Le 27e sommet sur le climat en Égypte a été décevant. Nous sommes encore loin de l’objectif climatique de 1,5 -2 °C fixé au niveau international. Cela est dangereux. Nous devons tout mettre en œuvre pour réduire nos émissions et, en outre, éliminer le CO2.

L’élimination du CO2 de l’air et son stockage peuvent apporter une contribution importante. Cela peut compenser les émissions de gaz à effet de serre qu’il est impossible ou très difficile de réduire et, à terme, faire baisser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. À cet égard, il est essentiel de s’assurer que l’élimination du carbone est réelle, permanente et bien enregistrée.

La Commission présente un certain nombre de bonnes propositions en matière de qualité et de gestion. Un modèle économique dans lequel les agriculteurs peuvent être récompensés pour le stockage du carbone dans le sol et la végétation, l’« agriculture carbonée » est donc en passe de devenir réalité.

Valeur de référence intelligente

La Commission propose d’évaluer les performances d’un producteur de carbone par rapport à la moyenne de ses pairs produisant dans des conditions sociales, environnementales et économiques similaires. Si un agriculteur dépasse cette « valeur de référence », la certification et donc la récompense sont possibles. Ce qui est intéressant dans ce système, c’est que les pionniers peuvent être récompensés pour le carbone qu’ils ont déjà éliminé et que cela peut encourager les autres agriculteurs à séquestrer davantage de CO2 dans leurs sols.

Stockage à long terme

Le problème de l’agriculture carbonée est que la séquestration du CO2 dans les sols ou la végétation n’est pas permanente. Un ajustement des pratiques agricoles ou une modification des conditions naturelles peuvent entraîner la libération du carbone stocké. Il est donc difficile pour les agriculteurs de garantir un stockage à long terme du carbone.

La Commission résout ce problème en permettant la certification du CO2 stocké pendant une période déterminée. Après cette période, tout le CO2 stocké est à nouveau considéré comme libéré. La plupart des agriculteurs peuvent garantir le stockage pendant une certaine période.

Un pas en avant vers l’agriculture durable

Dans sa proposition, la Commission établit un lien entre les objectifs de durabilité environnementale, tels que la restauration de la biodiversité, l’adaptation au changement climatique et la lutte contre la pollution environnementale, et la certification du stockage du CO2. Les agriculteurs ne peuvent obtenir un certificat que si le stockage apporte une contribution neutre ou positive à ces objectifs. Ce couplage est positif, car le stockage du carbone présente bien d’autres avantages que ceux liés au climat. Le fait de pouvoir l’inclure dans le certificat peut améliorer l’analyse de rentabilité.

Toutefois, des améliorations sont possibles sur ce point. La durabilité ne concerne pas seulement l’environnement, mais aussi la réalisation d’objectifs sociaux et économiques, tels que la productivité agricole, la qualité des produits et les revenus agricoles. La fonction première de l’agriculture est de fournir des produits abordables et de qualité.

Dans le même temps, du point de vue climatique, l’effet de la conversion de la nature riche en carbone en terres agricoles ne peut être ignoré. Elle est responsable de près de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il est essentiel de mettre un terme à ces émissions. Un retour en arrière partiel peut éliminer d’énormes quantités de carbone. La combinaison de la séquestration du CO2 avec le maintien ou l’augmentation de la productivité agricole peut donc accroître la force de cette proposition.

Une gestion solide

Un dernier point positif repose dans la gestion proposée de la certification. Les propositions favorisent la mise en place de conditions de concurrence équitables, l’indépendance et la transparence dans toute l’UE. Cela est crucial afin de susciter la confiance nécessaire pour pouvoir investir dans le stockage du CO2. Il est particulièrement important d’établir les règles de soutien et de reconnaître de manière centralisée les systèmes de certification publics et privés. L’harmonisation facilite l’augmentation des investissements dans l’agriculture carbonée.

En conclusion, la Commission a fait un bon premier pas vers la certification du stockage du carbone par les agriculteurs. Il s’agit toutefois d’une proposition générale, ce qui signifie que de nombreuses questions en suspens doivent encore être traitées dans la réglementation sous-jacente. Concilier la théorie présentée avec la pratique ne sera pas une mince affaire. Cela est important, car le stockage du CO2 par les agriculteurs ne fonctionnera que si le modèle économique proposé est attrayant.

 

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