Veerle Mommaerts

Pourquoi les abeilles sont-elles indispensables et pourquoi apiculteurs et agriculteurs doivent-ils travailler main dans la main

On ne peut pas se passer des abeilles

Sans pollinisation, pas de pommes ni de tomates, fèves, pois, courgettes, colza, cerises, fraises... La valeur économique mondiale de la pollinisation pour l'agriculture et l'horticulture est estimée entre 205 à 505 milliards d'euros par an. Les abeilles mellifères, les bourdons et les abeilles sauvages exercent une fonction essentielle dans de très nombreuses cultures. Personne ne souhaite voir ces premiers acteurs disparaître de la scène. Les abeilles sont toutefois soumises à un grand stress. Les agriculteurs et les apiculteurs peuvent y remédier, mais chacun d’entre nous aussi.

Les unes des journaux ont raison de nous alarmer avec des gros titres tels que : « Les abeilles meurent par centaines ». Mais ce n'est pas tout à fait la vérité. Lorsque les émotions s'emballent, il est utile de parler chiffres. En Europe, et donc aussi en Belgique, les abeilles mellifères se portent bien. Pardon ? Pendant de nombreuses années, la mortalité hivernale a tourné autour de 30 %, mais l'hiver dernier, elle a été de 19,4 %, ce qui est conforme à la variabilité naturelle. Les choses ne sont pas réglées pour autant, car il est vrai que les abeilles n'ont pas une vie facile. Toutefois, ensemble, nous pouvons faire la différence.

Veerle Mommaerts, Food Chain Manager

Les abeilles ne vivent pas dans un pays de cocagne

Qu'est-ce qui rend la vie des abeilles difficile ?

1. Le varroa. L'ennemi public numéro un au pays des abeilles. Ce parasite est présent dans pratiquement toutes les ruches et pond ses œufs dans les cellules où les larves de l'abeille se développent. En outre, cet acarien se nourrit des fluides corporels de son hôte, de sorte que l'abeille non seulement s'affaiblit mais peut aussi transmettre toutes sortes de virus qui rendent malades les autres abeilles.

2. La nourriture disponible et le nid. Le nectar et le pollen sont vitaux pour les abeilles et les bourdons. L'urbanisation, le nombre insuffisant d’espaces naturels sauvages dans les domaines publics et les jardins bien entretenus, les monocultures, etc. font diminuer la quantité de nourriture disponible. Le nid joue également un rôle très important dans la préservation des abeilles. Les abeilles mellifères possèdent leur propre maison, ce qui n’est pas le cas des abeilles sauvages et des bourdons. Ces derniers ont besoin d'abris naturels qui sont de moins en moins nombreux.

3. L'utilisation peu judicieuse de produits phytosanitaires dans l'agriculture. Il est très important de promouvoir de bonnes pratiques agricoles. En cas d’utilisation correcte des produits phytosanitaires, conformément aux instructions mentionnées sur l'étiquette, les abeilles ne courent aucun danger.

 

 

Chaque abeille est unique

Chaque type d'abeille possède des particularités. Chaque type d'abeille contribue à sa manière à notre écosystème. Les abeilles mellifères sont actives à partir de 15 °C et pollonisent donc les plantes. Les bourdons peuvent mieux résister au froid et sont actifs dès 5 °C. Les abeilles sauvages, ou solitaires, prennent leur envol dès que la température atteint 12 °C. Leur rayon d'action diffère également : si les abeilles sauvages ne s'éloignent pas trop (200 à 300 mètres), les bourdons se risquent un peu plus loin (2 kilomètres), mais doivent s'incliner devant les abeilles mellifères (4 kilomètres). Pourquoi toutes ces informations ? Il s'agit de quelques-uns des facteurs dont les apiculteurs et les agriculteurs doivent tenir compte. Les poiriers, par exemple, fleurissent tôt dans la saison et leurs fleurs contiennent du nectar peu sucré, si bien qu’elles ne plaisent pas à toutes les abeilles et que vous devez donc attirer des pollinisateurs sauvages sur votre terrain.

Les abeilles et nous

Que pouvons-nous faire ? Pour commencer, remplacer la méfiance qui subsiste encore parfois entre les agriculteurs, les apiculteurs et Bayer, par un dialogue franc et ouvert et par un transfert de connaissances. En nous unissant, nous pouvons être utiles les uns pour les autres.

Passons à présent en revue la liste des facteurs de stress.

1. Le varroa, dont le nom latin est encore plus lugubre : Varroa destructor. Grâce au développement du PolyVar® Yellow, nous contribuons à une lutte durable contre ce minuscule nuisible. L'apiculteur ne doit plus ouvrir la ruche et déranger les abeilles : chaque fois que les insectes entrent et sortent de la ruche, ils sont traités brièvement et efficacement au moyen d'un ruban en plastique.

2. La nourriture disponible et le nid. A la ForwardFarm, à Huldenberg, nous recherchons, en collaboration avec les agriculteurs Josse et Jan Peeters, des concepts agricoles innovants et durables. Dans leur verger de poiriers, nous travaillons depuis des années sur la pollinisation, nous mettons des nids à la disposition des abeilles sauvages et nous étudions les éléments du paysage (parterres de fleurs, haies fleuries, herbes en bordure des parcelles...) qui contribuent à répondre aux besoins de nourriture, pendant et après la floraison. Dans le jardin des abeilles où poussent des plantes vivaces, des plantes sauvages, des arbustes, des arbres fruitiers, etc., nous montrons que toutes ces plantes peuvent contribuer à répondre aux besoins en nourriture des abeilles (abeilles sauvages, bourdons et abeilles mellifères). Nous observons également que les belles bordures fleuries, par exemple, sont rapidement envahies par l'herbe et ne donnent pas nécessairement le résultat que l'apiculteur ou l'agriculteur avait envisagé. Il en va de même pour les tas de sable que nous avons aménagés afin de servir de nid aux abeilles des sables. Les meilleures intentions n'ont pas permis d'obtenir les meilleurs résultats. Notre approche se fait donc par essais et erreurs, avec la contribution de toutes les parties. Ensemble, nous tentons de trouver, dans la pratique, de véritables solutions réalisables.

Par ailleurs, n'oubliez pas que quiconque possède un jardin peut apporter sa pierre à l'édifice.

3. Produits phytosanitaires. Une évidence, nous l'espérons : tous les produits phytosanitaires sont soumis durant plusieurs années à des procédures et tests stricts avant d'être déclarés sûrs pour les abeilles, notamment. En outre, chaque produit autorisé s’accompagne d'instructions en vue d'un usage responsable. De plus, de nouveaux accessoires permettent d'appliquer les produits phytosanitaires uniquement aux endroits où ils sont nécessaires et, de cette façon, n'exposent pas inutilement les abeilles et les autres insectes.

Des innovations telles que le Phytobac (qui permet d'éviter que des résidus de produits phytosanitaires n'aboutissent dans les eaux de surface), les droplegs sur les pulvérisateurs (qui permettent un traitement très ciblé) et les déflecteurs sur les semoirs (qui empêchent que les petites particules de poussière provenant des produits de désinfection des semences ne soient disséminées dans l'environnement lorsque les semences enrobées sont semées), entre autres, permettent d'éviter des risques inacceptables. Nos ruches à la Bayer ForwardFarm en sont la preuve vivante. Il est important que nous impliquions très étroitement les agriculteurs et les apiculteurs dans ces évolutions. Et les consommateurs aussi en fin de parcours, qui ne sont pas toujours au courant des efforts conjoints des apiculteurs, des agriculteurs et de nous-mêmes en vue d'une agriculture durable. La création d'un centre apicole éducatif, à l'initiative des apiculteurs locaux et en collaboration avec les agriculteurs de la ForwardFarm, est un pas dans cette direction. Toutes les connaissances y sont rassemblées et partagées avec les personnes intéressées, lors d'un dialogue ouvert.

Bee myths (Anglais)